jeudi 10 avril 2014

Le temps passe un peu trop vite

J’ai un peu honte quand je vois la date du dernier article. La tête dans le guidon depuis le mois de décembre, je lève enfin la tête pour souffler un peu et hop … nous sommes déjà début avril ! On peut rembobiner s’il vous plaît ? Non pas possible ? Vraiment ? Bon ok, tant pis alors. Je vais essayer de rattraper un peu le retard et de donner enfin des nouvelles. Toutes vos lettres et messages me font plus que plaisir et me touchent beaucoup. Pour résumer ces 3 derniers mois de folies, sachez que je suis le plus heureux du monde à réaliser le plus beau métier du monde dans un endroit unique au monde. Voilà, en gros … çà va plutôt pas mal quoi !!!

au pays des rêves

mardi 1 avril 2014

L'île du bout du monde

Amsterdam, où comment se sentir un peu isolé au cœur de l’Indien. La terre la plus proche est l’archipel de Kerguelen, située à 1200 km dans le sud-ouest. L’Afrique, l’Australie et l’Antarctique sont à plus de 3000 km à vol d’albatros. Perdu dans l’infinie de l’océan, c’est avec 19 autres camarat’s, devenus très vite des amis, que je laisse filer un an d’une vie.

Martin de Viviès, village du bout du monde
L’île, presque circulaire, culmine à 881 mètres et est tronquée par des falaises de 20 à 80 mètres. Faut pas le dire trop fort mais c’est la plus belle des îles des terres australes. J’écris cette phrase en toute objectivité bien évidemment … A l’ouest, un effondrement ancestral a fait jaillir ce qui est considéré comme l’un des plus beaux sites des Terres Australes (çà par contre, il n’y a pas que moi qui le dis …) : Entrecasteaux. Une falaise végétale vertigineuse peuplée de milliers d’albatros et centaines de gorfous. Il n’existe pas de mots pour décrire cet endroit à sa juste valeur. Ce qui est un peu fou fou dans l’histoire, c’est que la cabane placée au pied de ce cadeau du ciel est considérée comme la deuxième maison de l’ornitho. Je vais y passer pas moins de 100 jours durant mon hivernage. Mais chaque chose en son temps, parlons d’Entrecasteaux un peu plus tard. 

vous devinez la nature du petit point blanc dans le fond tous là-bas ?
Sur l’île, le vent règne en maître. Aucun obstacle sur des milliers de kilomètres, autant vous dire qu’il vaut mieux s’abriter parfois. Elle est tellement paumée que c’est l’un des endroits où l’air est le plus pur sur la Terre. Des mesures et des prélèvements quotidiens y sont d’ailleurs réalisés afin d’en évaluer la qualité. Comparés à ceux effectués à d’autres endroits sur le globe, ils permettent de mettre en avant ce que l’Homme fait subir à sa chère et tendre petite planète…
Cela fait quatre mois et demi que j’ai la chance d’explorer au quotidien ce drôle de caillou. Le temps passe à une vitesse folle, c’est incroyable. Malgré la montre au poignet, la notion des jours est bien souvent incertaine. Mardi, jeudi … ??? La seule certitude est pour le dimanche, non pas par ce que c’est téléfoot mais par ce que c’est croissants et pains au chocolats au pti’déj’, héhé ! (y a pas la télé de toute manière). La vie sur les îles rime souvent avec poissons, fruits de mer et cuisine divine ! Avec le maître derrière ses fourneaux, ce n’est pas cette année que je vais maigrir, tant pis. C’est un peu comme si nous étions au restaurant tous les jours, vous voyez un peu le genre. Gérées par la Reserve Naturelle des Terres Australes et Antarctique Françaises, les eaux amsterdamoises sont d’une incroyable richesse. Bleus, Rougets, Thons, Zourites, Fausses morues et … Langouste en veux-tu en voilà depuis le bord. Nous nous offrons quelques sorties lorsque le beau temps lé la. En carrie, en tartare, à la tahitienne, en sauce, au barbec bref, toutes les recettes y passent. C’est que du bonheur.

en attendant ...

intense
 Malgré ce plaisir quotidien, il nous arrive souvent de manquer des repas, et même des jours sur base, explorations loisirs de l’île oblige. Les quelques bretons de la base ne sont guère dépaysés par le climat, assez similaire à quelques coups de vent près. Quelques nuits à la belle étoile sont organisées. Bon duvet, sursac, gant et bonnet sont de rigueur. Les nuits sont fraîches, surtout en altitude. Pollué d’aucunes sources lumineuses, la clarté des astres en fait même briller nos yeux. Pas encore observés d’aurores australes mais nous sommes à l’affût. Il y a des nuits où nous avons des chances d’en admirer (oui par ce que çà aussi c’est mesuré …) mais le pourcentage est tellement faible que çà reste anecdotique. Nous ne sommes pas à Kerguelen et encore moins à Terre Adélie … 

Bretagne quand tu nous tiens

La belle étoile

les Grandes Ravines de Del Cano

Posés qu'on est
La faune impressionne de part sa curiosité envers l’Homme. Malgré le fait que çà reste des espèces sauvages et imprévisibles, nos côtoyons chaque jour ces fameuses otaries d’Amsterdam. Le bâton est de rigueur pour qui veux s’éloigner de la base. Rassurez-vous nous ne les frappons pas, mais la vue de bâton les dissuadent de nous charger. En dehors de sites de reproductions, elles sont globalement inoffensives, affaler dans l’herbe à dormir, dormir et dormir encore. Les jours de grand calme plat (autant dire que çà n’arrive pas tous les jours), c’est baignade ! Nager avec eux, autour d’eux, c’est incroyable. Et je ne vous parle pas des orques. Bon par contre, nous ne nageons pas avec eux, mais nous les observons régulièrement au loin, derrière la barrière d’algues qui est à un petit peu plus de 100 mètres de la cale.
20 hivernants … des milliers d’albatros, des milliers d’otaries, des milliards de langoustes, du soleil (et deux nanas …). Ici la vie est belle et paisible.

Enjoy’


dormir, dormir et dormir... encore

nous ne sommes pas si seuls que ça